Les réactions lors des commémorations des 10 ans de la mort de François Mitterrand

Publié le par SDJ 30

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Voici les réactions des dirigeants ou anciens dirigeants socialistes, et amis de François Mitterrand lors des commémorations des dix ans de sa mort.

Michel Rocard, ancien Premier ministre de François Mitterrand : François Mitterrand est "un président qui a eu du panache". "Mitterrand est valorisé du fait que, au moins, les politiques étaient plus franchement centrées dans le soutien des gens modestes", alors que "nous sommes dans une situation où la droite fait des dégâts et c'est visible". "Il ne faut quand même pas oublier que depuis la victoire de Jacques Chirac en 2002, la prise de fonction de Jean-Pierre Raffarin puis celle de Dominique de Villepin, nous sommes gouvernés très à droite". Il a estimé que l'ancien président resterait dans l'histoire pour sa "vision extrêmement précise et offensive de la dimension européenne que la France doit prendre" et pour avoir "réussi à faire avaler à l'ensemble de la gauche qu'on pouvait faire avec les institutions de la Ve" République. (Radio J, Paris, dimanche 8 janvier)

Mazarine Pingeot, fille de François Mitterrand : "Aujourd'hui la politique est comme un métier, elle a cessé d'être liée aux leçons de la vie, d'être quasiment une mission humaniste, on a perdu la volonté de changer la vie et le monde. Les politiques sont tous formatés de la même façon, à la même école et il n'y en a aucun qui se différencie". "Il y a une nouvelle génération de politiques qui est apparue mais qui n'est pas à la hauteur de l'ancienne". Mazarine Pingeot, qui précise qu'elle "se situe à gauche, mais qu'elle n'a pas d'ambitions politiques", trouve le président Jacques Chirac "sympathique". "Je ne pense pas que ce soit un bon président, mais ça n'empêche pas qu'il soit sympathique". "Sarkorzy, par exemple, c'est autre chose. Je n'aime pas sa personnalité". (Interview au quotidien portugais Diario de Noticias, dimanche 8 janvier)

Bertrand Delanoë, maire de Paris (PS) : "Il y a une dimension humaine qui est assez forte. Cela me plaît également de voir toute la famille socialiste réunie, comme cela, simplement, amicalement. Il y a un très beau message de François Mitterrand, la France, la gauche, les relations humaines, les fidélités amicales." (Jarnac, dimanche 8 janvier)

Roland Dumas, ancien président du Conseil constitutionnel : "C'est un très bon signe. Au moins pendant une minute de silence, ils (les responsables socialistes) ont fait taire leur querelle. J'espère que cela sera un début, un renouveau". (Jarnac, dimanche 8 janvier)

Arnaud Montebourg, député et promoteur de la VIème République : "En arrivant ici au cimetière, je me suis rappelé du 'Coup d'Etat permanent' (le livre qu'a écrit François Mitterrand pour stigmatiser les institutions de la République créée par le général de Gaulle) où Francois Mitterrand était rénovateur du parti socialiste de l'époque, la SFIO. Je me suis souvenu aussi qu'en 1965, avant l'élection présidentielle, les socialistes étaient à 12%, c'était un étiage que nous n'étions pas loin d'atteindre en 2002. Donc les leçons du rénovateur François Mitterrand doivent être les nôtres". (Jarnac, dimanche 8 janvier)

Laurent Fabius, ancien Premier ministre socialiste, s'est félicité de l"'hommage" rendu à François Mitterrand, "beaucoup combattu". Admettant une "certaine nostalgie", l'ancien Premier ministre a insisté sur la nécessité de "recréer" la "capacité de rassemblement" et "d'espérance" de l'ancien président. "Mitterrand aurait souri de tout cela. D'ailleurs, il m'en parlait de temps en temps. Il me disait: 'vous verrez, je suis très haï aujourd'hui, mais demain tout le monde m'aimera'. C'est le cas". "Les gens se rendent compte que c'était un grand personnage qui a fait espérer la France, avec lequel elle rayonnait". "J'espère que ça reviendra. On y travaille". "Le fait que beaucoup de gens lui rendent hommage, alors que de son vivant il a été quand même beaucoup combattu, je trouve ça très bien". François Mitterrand "avait une capacité de rassemblement, une capacité d'espérance qui étaient exceptionnelles". "C'est ça qu'il faut recréer aujourd'hui, alors évidemment sans le talent de François Mitterrand et dans un contexte différent". "La grande leçon de Mitterrand, c'est la volonté (...), le rassemblement (...) et faire croire à la France, aimer la France et redonner une espérance". (Jarnac, dimanche 8 janvier)

Lionel Jospin
s'est félicité que l'histoire rende aujourd'hui "justice" à François Mitterrand. "Les Français non plus ne l'ont pas oublié", a-t-il constaté. "Nous sommes heureux, nous qui l'avons accompagné dans son action, que beaucoup d'hommes et de femmes en France reconnaissent ce qu'il a fait et ce qu'il a été". "Si le temps, pour ce qui le concerne, se décante de cette façon, c'est qu'on lui rend justice et donc dans un moment un peu de confusion aujourd'hui, pour nous c'est plutôt quelque chose qui nous réjouit". Celui qui réclama un "droit d'inventaire" des années Mitterrand en 1995 retient de son action "de très grandes réformes comme la décentralisation, les mesures sociales, l'abolition de la peine de mort, un certain rapport de respect au pouvoir, l'engagement, la ferveur. En même temps un homme qui a essayé de garder sa liberté personnelle, ses cheminements propres, parfois ses secrets". Pour autant, "je ne pratique pas le culte". Devant la présence de nombreux ténors du PS à Jarnac, Lionel Jospin s'est amusé que la cérémonie ait "plus un côté campagne électorale que cérémonie de recueillement". "Mais au fond, c'est une façon de lui rendre hommage qui convient bien à ce qu'il a été: un lutteur, un homme d'action, un homme de foule". (Jarnac, dimanche 8 janvier)

Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre
: "Je suis un militant du respect, je souhaite qu'on respecte dans notre pays les anciens présidents de la République, notamment François Mitterrand". "C'est important de venir car c'est un grand Charentais d'abord, qui a été président de la République. Nous avons le devoir de respecter les dirigeants qui assument de hautes responsabilités, on peut avoir des désaccords politiques, mais on doit respectecter les hommes et les fonctions". "J'ai toujours veillé à ce que la région Poitou-Charentes respecte la personne et la mémoire de François Mitterrand". "Mon père était membre du gouvernement de Pierre Mendès-France et, à cette occasion, a bien connu et travaillé avec François Mitterrand". "Un petit événement les avait liés. Un jour, François Mitterrand devait répondre à une question à l'Assemblée, mais il devait faire un voyage. Il a demandé à mon père de répondre à sa place à la question". "Quand mon père était à son bureau pour travailler avec lui la réponse, il a eu un malaise important, il s'est évanoui et mon père s'est occupé des secours." (Jarnac, dimanche 8 janvier)

Pierre Joxe
, ancien ministre de François Mitterrand : "Il a été un homme que j'ai beaucoup admiré. Ce que j'expliquais mal dans le passé, c'était pourquoi tant de gens s'était détourné de lui. Que les gens se tournent vers lui aujourd'hui, je l'explique très bien en particulier par rapport à ce qu'il a représenté dans la politique intérieure de la France, pour la justice, la démocratie et dans la politique internationale, sur le plan européen, ou en Israël/Palestine". (Jarnac, dimanche 8 janvier)

Hubert Védrine
, ancien ministre de François Mitterrand : "La figure de Mitterrand non seulement n'est pas oubliée, ne s'estompe pas, mais il y a un phénomène inverse. Ce qui reste d'abord, c'est que c'est le seul homme qui a conçu la stratégie permettant à la gauche de sortir de l'opposition perpétuelle. C'est lui qui a permis à l'alternance de se réaliser". (Jarnac, dimanche 8 janvier)

Jack Lang
, député et ancien ministre: "Emotion et bonheur. Emotion de se retrouver autour de François Mitterrand, bonheur de constater qu'après certaines années où François Mitterrand avait été excommunié ou rejeté, il est aujourd'hui reconnu, respecté, aimé. Pour ceux qui ont combattu avec lui et pour lui, c'est un grand bonheur de constater que sa figure, son action, sa personnalité sont pleinement reconnues aujourd'hui. Finalement, l'Histoire lui a donné raison".< "Mitterrand nous a montré que quand on veut, on peut, parfois une poignée de personnes peut déplacer les montagnes". (Jarnac, dimanche 8 janvier)

Pierre Bergé
, président de l'Association des amis de l'Institut François Mitterrand : "Aujourd'hui, notre tristesse est mêlée d'une espèce de joie, la joie de voir réunis autant de gens et tout un peuple de gauche qui est derrière Mitterrand". "C'est précisément parce qu'il y a une absence de leader à gauche qu'il y a cette espèce de ferveur aujourd'hui, c'est précisément parce qu'on manque d'un succcesseur à François Mitterrand d'une manière évidente que tous les gens sont là, parce qu'ils pensent que le plus grand leader de la gauche, c'est encore François Mitterrand". (Jarnac, dimanche 8 janvier)

Henri Emmanuelli
, député et ancien ministre: "François Mitterrand incarnait un peu cet attachement qu'ont beaucoup de Français pour l'hexagone. Avec son versant rural, son versant urbain, il incarnait un peu cette unité (...) Les socialistes ont des leçons à prendre, et à se remémorer que c'est dans le rassemblement qu'on arrive à faire quelque chose". "Je n'étais pas béat, mais j'ai toujours eu de l'admiration pour lui, pour l'homme politique, mais aussi affectivement (...) C'était un homme qui ne se laissait pas enfermer par des situations, je crois que c'est ce qui le caractérisait par-dessus tout". (Jarnac, dimanche 8 janvier)

Louis Mexandeau
, ancien ministre, a souligné "l'attachement populaire extraordinaire" autour du disparu. "Il avait un rapport au peuple extraordinaire. Il s'est noué une relation presque mystérieuse, mais très forte, entre François Mitterrand et le peuple, parce qu'il exprimait la France, il avait une connaissance des terroirs et de la diversité française extraordinaire". (Jarnac, dimanche 8 janvier)

Jean-Luc Mélenchon
, sénateur et ancien ministre: "On est dans l'émotion. C'est la résurrection, un miracle mitterrandien de plus. Il renaît, on le disait mort, enterré, un certain nombre sautait à pieds joints sur sa tombe, et hop! grâce au bon sens populaire, le revoilà! Ca remet tout le monde à sa place". Mitterrand aura-t-il un successeur à gauche, en 2007 ? "Jusqu'à présent, les circonstances n'ont pas permis que se dégagent les caractères qui s'imposent, mais cela va se fabriquer avec le temps, donc il ne faut pas ête injuste. Il ne faut pas se laisser écraser par les ombres. Mitterrand, c'est un symbole très fort, et il nous manque". (Jarnac, dimanche 8 janvier).

 

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